Description
Mon père s’est tué d’une balle dans la bouche le 11 mars 2008. Il avait soixante-dix ans passés. Toutes ces années, nous nous sommes aimés jusque dans nos différences. Il m’a donné son nom, m’a transmis sa joie de vivre, beaucoup de sa force et aussi une longue nostalgie de sa Tunisie natale. Kinésithérapeute, il travaillait « à l’ancienne », ne s’exprimait qu’avec les mains, au besoin par le regard. Il était courageux, volontaire, mais secret : il préféra toujours le silence aux paroles, y compris à l’instant ultime où s’affirma sa liberté, sans explication. « Ce sont les mots qu’ils n’ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil », écrivit un jour Montherlant. Mon père m’a laissé mes mots et la force d’écrire ces pages pour lui dire mon attachement.